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13/12/2006

Libé : ur pennad a fed ar yezhoù rannvroel/un article sur les langues régionales

Ur pennad skrid a zo bet embannet barzh Libération hiriv (13/12) a ziout ar yezhoù rannvroel, sinet get ur yezhour, Pierre Encrevé. Hennezh a c'houlenn get ar gannadoù sinañ ar pezh a zo bet kinniget get Marc Le Fur (kannad Aodoù an Arvor-UMP) evit ma vehe anavezet ar yezhoù rannvroel get bonreizh Frans.

Un article intéressant est paru aujourd'hui dans Libération (13:12). Le linguiste  Pierre Encrevé y soutient l'adoption par l'Assemblée nationale de l'amendement du député (Côtes d'Armor - UMP) Marc Le Fur visant à la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution française. Pierre Encrevé estime que "ce formidable patrimoine linguitique est une des plus précieuses richesses culturelles de la France" et que cette reconnaissance officielle (et la ratification de la charte européenne des langues minoritaires encore en attente), encourageant le multilinguisme à l'intérieur des frontières, l'encouragerait aussi sur le plan international afin de faire face à "l'unilinguisme" anglophone. Cet article est accessible sur le site internet de Libé.

http://www.liberation.fr/rebonds/222855.FR.php

10/12/2006

BD : du Nicaragua au Tibet

medium_Muchacho138.jpg Voici deux volumes qui viennent clôre deux histoires dans deux pays différents, le Nicarague d'avant la chute de Somoza (1976-1979), très chaud,  et le Tibet, très froid, des années 50-60.

Muchacho est l'histoire d'un jeune séminariste, fille d'une riche famille nicaraguayenne, envoyé peindre une fresque dans une église de son pays. Il y rencontre le peuple, qu'il se met à dessiner, et prend conscience de la répression de la dictature somoziste, que sa famille soutient. Après une série de péripéties, il se perd dans la forêt et est sauvé in extrémis par un groupe de la guérilla. On suit ce groupe qui tente de gagner la frontière, poursuivit par l'armée, dans une vraie jungle, traînant avec elle un otage américain. Un vrai suspens, de beaux dessins, une histoire d'amour (et même plusieurs), un fond historique intéressant : ce deuxième tome est tout-à-fait réussi.

Editions Dupuis. Dessins et scénario de Lepage.

 

medium_bouddha137.2.jpgLe Bouddha d'azur est également le second tome d'une aventure commencée, elle, en Chine et en Inde. Le dessinateur et scénariste  Cosey a créé, dans les années 70, le personnage de Jonathan, un jeune Européen perdu au Tibet (la plupart de ses aventures ont été traduites en breton). Ici, c'est un jeune Britannique, Porridge, dont les parents vivent à Calcutta et qui refuse de retourner à Londres pour ses études. Il fugue, direction le Tibet, et trouve refuge dans un monastère tibétain quelques mois avant l'invasion chinoise de 1959. Il rencontre, par hasard, Lhahl, jeune fille, version féminine du Dalaï Lama (en matière de réincarnation)... A la fin du premier tome, les deux personnages sont séparés. Dans le deuxième, Porridge, adulte, revient au Tibet rechercher Lhahl; il est persuadé qu'elle est encore en vie. Mais une autre "Lhahl" a été choisie par les autorités chinoises... Là encore, il y a un fond historique et culturel intéressant, du suspens et des personnages attachants.

Editions Dupuis. Dessins et scénario de Cosey. 

  

03/12/2006

Kenstrivadeg danevelloù/concours de nouvelles

Evit ar re a skriv danevelloù e brezhoneg pe e galleg, un genstrivadeg a vez aozet bep bloaz get Emglev Bor An Oriant ha mediaoueg Lannarster. Mard oc'h intereset, kit e darempred get Emglev An Oriant.

L'association Emglev Bro An Oriant et la médiathèque de Lanester organisent chaque année un concours de nouvelles, en français et en breton, les personnes intéressées peuvent entrer en contact avec :

Mediaoueg (médiathèque) Elsa Triolet – straed J.-P. Sartre – 56600 Lannarstêr – _ : 02 97 89 00 70
Emglev Bro an Oriant – 12 straed Colbert – 16 P – 56100 An Oriant – _ : 02 97 21 37 05.

24/11/2006

Langues régionales : ressources pédagogiques et... "Semaine de la langue française"

"La douzième "Semaine de la langue française" se déroulera du 10 au 20 mars 2007 et s'intéressera aux liens et aux échanges entre les langues, autour du thème des "mots migrateurs". Organisée par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) du ministère de la Culture et de la Communication, en partenariat avec le ministère des Affaires étrangères et avec le ministère de l'Education nationale, de l'enseignement supérieur et de la Recherche, cette Semaine vise à renforcer, fédérer et valoriser un large éventail d'initiatives en direction des publics scolaires. Dix mots ont été retenus pour cette édition : "abricot, amour, bachi-bouzouk, bijou, bizarre, chic, clown, mètre, passe-partout, valser".

De nombreuses animations sont prévues comme "Le voyage des mots" qui s'adresse aux collégiens et aux lycéens. Ils sont invités à produire une oeuvre à partir des 10 mots retenus. Un concours est organisé date limite d'inscription le 7 février).

http://www.education.gouv.fr/bo/2006/39/MENE0602528C.

htmhttp://www.imageimaginaire.com/concours/accueil-concours.htm

L'un des dix mots choisis, "bijou" est "en général considéré comme un emprunt au breton bizoù ("anneau pour le doigt" dérivé de "biz", doigt en français (dictionnaire historique de la langue française Le Robert).

Langues régionales : des ressources pédagogiques
Un portail sur les langues régionales a été créé par le Centre national de documentation pédagogique (et géré par le Scéren, Service culture éditions ressources pour l'Education nationale). On y trouve assez peu de choses sur le breton (des liens surtout), mais des ressources surtout sur l'occitan, le basque, l'alsacien, le catalan, et certaines langues des Dom-Tom (Nouvelle-Calédonie...). Les programmes officiels et accompagnements y figurent ainsi que des sites et dossiers thématiques concernant les classes bilingues et l'enseignement des langues régionales. A la une, deux publications en occitan : un livre de l'élève et un livre de poèmes bilingue avec un cédérom audio.

http://www.cndp.fr/secondaire/langregio/


Source : le Café pédagogique. 

30/08/2006

La Suisse menacée par ses langues ?

Selon Courrier international (24/08/2006) de moins en moins de Suisses apprennent leurs autres langues nationales (allemand : 4,64 millions de locuteurs, français 1,48 millions, italien 471.000; romanche 35.000).  L'allemand est de moins en moins étudié par les jeunes francophones, et réciproquement. La concurrence de l'anglais est là mais aussi une désaffection pour l'allemand perceptible dans l'ensemble de l'Europe. Pour l'historien Hans-Ulrich Jost, cité par L'Hebdo de Lausanne, "s'imaginer que la Suisse serait plurilingue" (...) "en grande partie est faux". L'unité de ce pays ne serait donc pas menacée, l'unité linguistique n'en étant pas le ferment mais plutôt la coopération entre cantons. Or, justement, constate l'auteur de l'article, Gaspard Turin, les cantons francophones sont de plus en plus tournés vers la France...

07/07/2006

Etats-Unis : oppression linguistique contre les francophones...

"Frederick Levesque n'était qu'un enfant quand les professeurs de la petite vielle d'Old Town, où il vivait, l'ont rebaptisé Fred Bishop, la traduction anglaise de son nom, pour dissimuler ses origines françaises. A l'école de Frenchville, Cleo Ouellette, elle, devait copier des disaines de fois "I will not speak french" (je ne parlerai pas français) au moindre "oui" ou "non" qui sortait de ses lèvres. Howard Paradis, un instituteur de Madawaska qui devait réprimander les élèves s'exprimant en français, a pris le parti de ne pas enseigner cette langue qui était pourtant la sienne à ses propres enfants. "Je ne pouvais pas leur faire subir ça, explique-t-il. S'ils voulaient s'en sortir, il fallait qu'ils parlent anglais"... Et uniquement anglais (c'est moi qui rajoute). La scène se passe dans le Maine, Etat du nord des Etats-Unis, voisin du Québec où 5,3 % de la population parle encore le français à la maison, malgré l'oppression linguistique qui y a sévi pendant des décennies. Interdiction de parler, interdiction de transmettre, interdiction d'enseigner, dénonciation de qui parle français, moquerie, mépris : non, nous ne sommes pas en Bretagne et ce n'est pas de la langue bretonne (ni du gallo, ni du picard, ni de l'occitan, ni du...) dont il est question, mais de la langue française. 

Selon The Ney-York Times, traduit dans Courrier international de cette semaine (6-12 juillet), la situation a évolué : des écoles françaises ouvrent, avec succès; des enfants apprennent la langue et la parlent avec leurs grands-parents alors que les parents ne l'ont pas apprise. Mais, jusque dans les années 90, une émission de radio continuait à caricaturer les francophones par l'intermédiaire d'un personnage appelé "Frenchie". Un sorte de plouc, version nord-américaine.

Christian Le Meut 

04/01/2006

3000 langues en moins en2100...

 3000 langues en moins en 2100 : c'est Le Monde qui l'annonce dans son édition du 31 décembre, histoire de nous donner du "begon" pour l'année qui vient ! La linguiste Colette Grinevald, chercheur au laboratoire dynamique du langage de l'Institut des sciences de l'homme Lyon-II, est interviewée. Spécialiste du monde amérindien, elle a aidé l'Unesco à définir les critères de vitalité des langues. Extraits.

"Le Monde : Le rythme de disparition s'accélère. D'ici un siècle, la moitié des langues parlées actuellement dans le monde auront disparu. C'est une estimation basse. En Australie et sur le continent américain, cette proportion sera bien plus élevée, de l'ordre de 90 %.

Avant l'arrivée des Blancs, 300 langues étaient parlées dans ce que sont aujourd'hui les Etats-Unis. En 1992, il n'y en avait déjà plus que 175 utilisées par au moins une personne. On estime que cinq seulement auront survécu à la fin du XXIe siècle. Même l'avenir du navajo est incertain, et pourtant c'est aux Etats-Unis la langue indigène qui a le plus de locuteurs, environ 120 000. Elle est de moins en moins apprise par les enfants.

Pourquoi cette accélération ?

La globalisation économique entraîne un exode rural des populations indigènes. Elles se perdent dans les villes et ne peuvent perpétuer leurs traditions et leur modèle familial. Dans le monde amérindien, les parents sont persuadés que parler une langue indienne est un handicap pour avoir un travail. Cette pression est aussi psychologique sur fond d'idéologie encore dominante du bienfait du monolinguisme dans un Etat-nation. Certains "monolingues" voient dans le multilinguisme un signe de division des capacités intellectuelles.

Quelles langues risquent de disparaître ?

Une langue est menacée, selon les linguistes, si elle n'a plus de locuteurs d'ici la fin du XXIe siècle. C'est le cas d'une centaine de langues en Europe et autant en Amérique du Sud, selon l'Atlas publié par l'Unesco. Le breton, le franco-provençal ou le poitevin saintongeais sont ainsi "sérieusement en danger". Parfois, une langue paraît vivace car elle est utilisée par des millions de locuteurs, comme les langues quechua en Amérique du Sud. Mais celles-ci sont déjà, dans certaines régions en Equateur et au Pérou, comme des morts-vivants : aucune personne de moins de 20 ans ne les apprend ou ne veut les parler.

Quelles seront les conséquences ?

De nombreuses connaissances captées par ces langues vont se perdre. Comme les propriétés des plantes vénéneuses en Amazonie ou celles qui peuvent avoir un intérêt dans la pharmacopée. Les langues apportent également une ouverture d'esprit. Elles permettent de voir différemment le monde et de montrer les facettes les plus diverses du génie humain. Au Guatemala, par exemple, je travaille sur le popti', en péril, qui classifie tous les objets par la matière dont ils sont faits.

Que dire des répercussions sociologiques...

Cela peut créer de réels problèmes identitaires. La langue permet de s'ancrer dans une histoire, un lieu. Beaucoup d'Amérindiens ont dû renier leur langue maternelle au profit de l'anglais ou de l'espagnol. Cela crée ce qu'on appelle de l'anomie, un entre-deux linguistique et culturel, où aucune des deux langues n'est maîtrisée. Cette situation peut devenir source de violence et entraîne chez les Amérindiens diverses formes d'autodestruction, comme l'alcoolisme et le suicide. J'ai observé le même phénomène aux Etats-Unis chez de jeunes Mexicains et Portoricains. Je reconnais parfois en France ce même type de malaise chez certains étudiants maghrébins qui ne connaissent pas l'arabe et chez des sourds qui revendiquent la langue des signes sans dominer le français écrit. On apprend mieux toute autre langue si on peut être fier et bien ancré au départ dans la sienne.

Quel rôle joue Internet ?

Un rôle double, tout à la fois poison et antidote, facteur d'uniformisation mais aussi de diversité. Il existe par exemple de plus en plus de sites Internet de langues amérindiennes gérés par des Indiens, pour des Indiens. Au Guatemala, une collègue linguiste a passé plus de dix ans à former des Mayas qui sont devenus linguistes et s'occupent d'un site en espagnol et plusieurs langues mayas. Leur travail prolonge le combat de Rigoberta Menchu (Prix Nobel de la Paix en 1992) qui a permis une reconnaissance officielle des 28 langues mayas.

Quelles seront les langues majoritaires à la fin du siècle ?

L'anglais bien sûr, l'espagnol, à cause de l'Amérique du Sud, l'arabe, puis des langues d'Asie, comme le chinois et l'hindi. Sur le continent africain, le swahili, le wolof sont en plein essor et avalent les langues de la région.

(...)
Où en sera le français à la fin du siècle ?

Le français ira bien, mais les Français devront parler plusieurs langues. Regardez le Danemark, où la moitié du cursus universitaire se fait en anglais : il n'y a pas de confusion, les Danois parlent danois entre eux et utilisent l'anglais car personne d'autre dans le monde ne parle leur langue. Le multilinguisme est parfaitement à la portée de l'intellect humain. Les enfants sont tous capables d'apprendre trois ou quatre langues.
Propos recueillis par Laure Belot et Hervé Morin

Sur internet

www.teluq.uquebec.ca/diverscite/entree.htm

Langues mayas : www.okma.org/


25/11/2005

E galleg, mar plij !*

France Télécom et Josep Borrell, président du parlement européen distingués pour leur "acharnement" à promouvoir l'anglais.

"AP | 23.11.05 | 21:05
PARIS (AP) -- France Télécom et le président du Parlement européen Josep Borrell ont été distingués mercredi par l'Académie de la carpette anglaise, pour leur "acharnement" à promouvoir la langue anglaise au détriment du français. Chaque année depuis 1999, l'Académie de la carpette anglaise distribue ses mauvais points. Pour cette édition 2005, l'opérateur France Télécom présidé par Didier Lombard a été désigné au premier tour de scrutin pour "la mise en place de services et produits aux dénominations anglaises ("Business Talk", "Live-Zoom", "Family Talk"...) par huit voix contre quatre à Yves Daudigny, président du conseil général de l'Aisne pour sa "grotesque" campagne publicitaire en anglais "L'Aisne, it's Open!".

Par ailleurs, le "prix spécial à titre étranger" attribué à un "membre de la nomenklatura européenne ou internationale, pour sa contribution servile à la propagation de la langue anglaise" est allé au président du Parlement européen Josep Borrell. L'académie l'a "distingué" pour "avoir avantagé l'anglais lors de la session de l'assemblée parlementaire Euro-Méditerranée qu'il vient de présider à Rabat au Maroc (...) sans prévoir la traduction des documents de travail".
L'Académie de la carpette anglaise, présidée par Philippe de Saint Robert, compte entre autres membres l'ancien président du Conseil supérieur de l'audiovisuel Hervé Bourges, la journaliste Christine Clerc et l'écrivain Dominique Noguez. AP"

* En français s'il vous plaît ! 

12/08/2005

Une langue meurt tous les 15 jours

D’autres chiffres sont livrés dans “Cause toujours” (lire "6.700 langues parlées dans le monde), ce numéro de Courrier international consacré aux langues: parmi les 1.200 langues parlées il y a cent ans en Amazonie, 800 ont disparu aujourd’hui ! 96% des langues sont parlées par seulement 4% de la population. La grande majorité des langues sont parlées par de toutes petites communautés. Il y a cinq ans, 51 langues n’étaient plus parlées que par une personne seulement, dont 28 langues aborigènes d’Australie. Tous les quinze jours, une langue disparaît sur notre belle planète...

La langue bretonne sauvée si elle est traitée comme sa cousine galloise
Selon un article paru dans la revue londonienne Prospect le breton ne pourra être sauvé que s’il fait l’objet d’une véritable politique de promotion comme celle menée actuellement au pays de Galles.
Tout au long de l’histoire, des langues sont mortes, comme le latin, ou l’étrusque, une langue que les chercheurs n’ont toujours pas déchiffrée. C’est un processus normal quand il s’inscrit dans la durée : le français, l’italien, le roumain, le castillan, le catalan, etc, ont remplacé le latin en évoluant avec le temps et avec l’apport d’autres langues. Mais l’on assiste aujourd’hui à un phénomène de disparition pur et simple lié au colonialisme et à la mondialisation engagée depuis plusieurs siècles.
Selon le linguiste gallois David Crystal, je cite, “la disparition des langues devrait nous préoccuper au même titre que celle des espèces animales ou végétales. Car cela réduit la diversité de notre planète”. Et, un peu plus loin : “La diversité occupe une place centrale dans la théorie de l’évolution, car elle permet à une espèce de survivre dans des milieux différents. L’uniformisation présente des dangers pour la survie à long terme de l’espèce. Les écosystèmes les plus forts sont ceux qui sont le plus diversifiés”.

Une seule langue et un monde pacifique ?
Autre question d’importance abordé dans ce numéro : le fait de parler une seule et même langue rendrait-il le monde plus pacifique ? Rien n’est moins sur. Beaucoup de guerres ont opposé des nations parlant la même langue, sans parler des guerres civiles et autres génocides : le Rwanda, la Yougoslavie et l’Irlande du Nord sont des exemples récents montrant que le fait de parler la même langue ne signifie pas pour autant que l’on arrive à se comprendre.
Ce ne sont pas les langues qui se font la guerre, mais les gens. Des systèmes démocratiques et respectueux des droits de l’Homme peuvent permettre à des communautés de langues différentes de coexister.
Mais je ne résiste pas à l’envie de vous livrer des citations de l’écrivain libanais Amin Maalouf, cité dans ce numéro spécial : “Il suffit de contempler l’Algérie pour se rendre compte des effets désastreux d’une politique de viol linguistique et culturel. Imposer une langue à un peuple aux dépens de sa propre langue est toujours une agression aux conséquences tragiques”. Je crois que cette affirmation n’est pas uniquement vraie pour l’Algérie. Mais écoutons encore Amin Maalouf : “La véritable attitude civilisatrice, la véritable contribution à une gestion pacifique du monde inquiétant où nous vivons, c’est de consolider et d’organiser harmonieusement la diversité culturelle et linguistique des hommes pour que nul ne se sente bafoué, marginalisé, exclu, incompris, méprisé, et que nul ne soit tenté par le langage de la violence. Cela suppose que l’on s’emploie à conforter la place de toutes les expressions culturelles et à faire en sorte que chaque personne puisse accéder à la modernité dans sa propre langue”.

Ashoge !
Respecter les langues, c’est respecter les peuples et populations qui les parlent. Et, comme l’écrit un linguiste français, “La guerre des langues n’est jamais que l’aspect linguistique d’une guerre plus vaste”. Un combat pour les droits de l’Homme, par exemple ?
“Cause toujours”, ce numéro spécial de Courrier international sur les langues de la planète se termine par un liste du mot “merci” traduit en 441 langues. Alors, savez-vous comment l’on dit “merci” en langue apache ? “Ashoge”... Et cette langue était encore parlée par 15.325 personnes en 1990, selon les chiffres de Courrier international.
Alors "ashoge" d'avoir pris de votre temps pour lire cet article.

Christian Le Meut

11/08/2005

6.700 langues parlées dans le monde

Voulez-vous faire un petit voyage afin de mieux connaître les langues parlées dans le monde entier ? Rien de plus facile, il suffit de lire un numéro spécial de l’hebdomadaire “Courrier international” intitulé “Causes toujours” et paru en mars 2003. Chaque semaine Courrier international traduit en français des articles du monde entier sur l’actualité international, mais ce numéro spécial est uniquement consacré aux 6.700 langues parlées au jour d’aujourd’hui sur notre belle planète. Il coûte 6,5 euros. La première partie comporte des articles expliquant cette diversité linguistique et comment sont apparues les langues anciennes, comme l’indo européen qui est, dans l’état actuel des connaissances historiques, la langue mère de la grande majorité des langues parlées en Europe aujourd’hui, langues latines, celtiques, germaniques, etc.

Le français 12e langue parlée
Il y a ensuite une sorte de panorama des langues les plus parlées dans le monde. Le champion est le chinois, parlé par plus d’un milliard de personnes. Mais, là aussi, une vraie diversité existe, des dialectes à foison, et des débats et tensions existent entre les partisans de ces différents dialectes. La seconde position est tenue par l’anglais quant à la troisième, elle va à l’hindi, langue nationale de l’Inde parlée par près de 900 millions de personnes. Le français arrive douzième avec 125 millions de locuteurs.
Le destin de l’anglais est étrange. Au Moyen-âge, et même jusqu’à la Renaissance, cette langue était fortement méprisée par les élites intellectuelles britanniques et européennes car elle était surtout la langue du peuple, la langue des pauvres. Aujourd’hui, elle est devenue la langue internationale, par les hasards de l’histoire. Mais des questions sont posées dans ce numéro sur l’avenir de l’anglais et de sa position dominante. Les anglophone de langue maternelle sont à peine 6% de la population mondiale, quand les sinophones sont 15%. La domination de l’anglais sur internet tendrait à se réduire au profit d’autres langues et, là où il est parlé, l’anglais se mélange souvent avec d’autres langues, comme à Singapour ou aux Etats-Unis. L’on voit ainsi apparaître des dialectes nouveaux comme le “spanglish” aux Etats-Unis.

Surprise québécoise
D’autres surprises nous attendent à la lecture des articles. Ainsi, l’on découvre que le système fédérale canadien est officiellement bilingue, anglo-français, depuis 1969, mais que le Québec refuse d’appliquer certaines lois sur le bilinguisme dans sur son territoire... Cela l’amènerait à donner plus de droit à sa minorité anglophone ! Du coup, cette attitude entraîne des tensions avec les autres communautés francophones du Canada, minoritaires, elles, comme au Nouveau Brunswick et au Manitoba.

(A suivre)

Christian Le Meut

07/08/2005

Bien loin du Manitoba

Le Manitoba est un pays immense situé dans les plaines du Canada. C’est un état membre de la fédération canadienne. Après l’arrivée de Jacques Cartier à l’embouchure du fleuve St laurent, au XVIème siècle sous le règne du roi François Ier, la ville de Québec fut fondée ainsi que des établissements français. Des colons arrivèrent et s’installèrent là mais, au fil du temps, certains partirent plus loin : des agriculteurs et des chasseurs, dans des régions non contrôlées encore par la France ou l’Angleterre, où ils se mêlèrent à des populations indiennes, les Cree, notamment. Ainsi apparut une nouvelle population, des métisses et de nouvelles langues, mélanges des langues indiennes et de français, ou d’anglais, suivant les endroits.
Après quelques siècles, ces populations virent arriver l’armée anglaise. Elle voulait prendre possession de ces immenses régions, ce qui fut fait, après une courte guerre, dans les années 1860. Les métisses furent battus mais, à cette occasion, le premier gouvernement du Manitoba fut créé par l’un d’entre eux, Louis Riel, pendu haut et court en 1884 par l’armée britannique.


"Speak white" : "Parlez anglais" !
Pendant longtemps encore, les métisses et les francophones furent mal vus au Manitoba. La langue officielle était l’anglais et il n’y avait pas de place pour la français dans cette région... Un reportage est passé il y a quelques années sur la Cinquième à propos de la langue française dans cette région. Un homme d’une soixantaine d’années, francophone de naissance, racontait qu’un jour, alors qu’il parlait français dans la rue, une personne qu’il ne connaissait pas lui a dit : “Speak white”, ce qui veut dire “Parlez blanc”. Comme le français était parlé par des métisses, cette langue était vue comme une langue de “sauvage”, d’Indiens, de “ploucs” pour ainsi dire... Un peu comme l’était le breton il n’y a pas encore longtemps ici et cette image n’est pas complètement effacée...
Mais voilà, depuis une vingtaine d’années, la constitution canadienne reconnaît le français comme langue officielle. Elle a donc sa place au Manitoba. Des écoles françaises ont été créées. Certaines fonctionnent sur le mode de l’immersion, comme Diwan en Bretagne. Dans certaines grandes villes ces écoles rencontrent un succès certain car les familles considèrent que parler deux langues est un atout. Certaines familles, autrefois francophones mais passées à l’anglais, trouvent là le moyen de renouer avec leurs origines. Le français semblent donc avoir retrouver un avenir au Manitoba !

Les oeillères des médias parisiens
Toutes ces informations, je les ai apprises en regardant un documentaire sur la Cinquième et en écoutant, par hasard, une émission d’une heure sur France Inter. Et je me suis posé la question : quand ai-je entendu ou vu pour la dernière fois une émission d’une heure ou un documentaire sur l’état des langues régionales en France, sur l’état du basque, de l’alsacien, du breton, sur une chaîne nationale ?... Je ne m’en souviens même pas, sauf sur France 3 Bretagne. Mais les médias nationaux s’intéressent-ils aux langues régionales, pas si sûr. Il leur est plus facile d’aller voir des gens qui luttent pour leur langue au Manitoba, surtout s’il s’agit d’y sauver la française, plutôt que de s’intéresser aux gens qui ici, en France, veulent sauver leurs langues !
Mais il est vrai que la Constitution française ne laisse aucune place aux langues régionales, quand la Constitution canadienne reconnaît au moins deux langues et que les peuples améridiens peuvent éduquer leurs enfants dans leurs langues d’origine...
C’est vrai, nous sommes vraiment très loin du Manitoba.

Christian Le Meut

22/05/2005

Ne débloguez plus, débloquez !

Trouvé dans Le Monde : "Ne dites plus jamais blog ! La Commission générale de terminologie et de néologie a publié au Journal officiel du 20 mai un avis établissant une liste de termes et d'expressions destinés à supplanter les anglicismes sur Internet. Ainsi, "bloc-notes", que l'on pourra accepter sous sa forme abrégée "bloc", désignera "un site sur la Toile, souvent personnel, présentant en ordre chronologique de courts articles ou notes, généralement accompagnés de liens vers d'autres sites", soit un blog.
D'autres expressions anglo-saxonnes familières aux internautes ont désormais leur équivalent en français. La commission propose de traduire un "hoax" (une fausse information) par un "canular". Le "worm", ce logiciel malicieux qui se transmet par le Réseau et perturbe le fonctionnement des systèmes, devient logiquement un "ver". Quant au "splash screen", qui s'affiche à l'écran pendant le chargement d'un fichier, d'un programme ou d'un logiciel, il faudra dorénavant dire "fenêtre d'attente"."
Le blog est donc mort, voici le "bloc" ou "bloc-notes"... Sauf que ces mots désignent d'autres choses en français. Ils ne se sont pas beaucoup creusés à la "commission générale" (garde à vous !). Pourquoi ne pas accepter "blog", entré dans le vocabulaire ? Je crois que je vais continuer à débloguer.
Christian